Les poissonneries

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État du batiment :

Détruit

Tours bénéficie d’une implantation privilégiée entre les deux fleuves que sont la Loire et le Cher et par sa proximité avec la Cisse, ce qui lui assurait un approvisionnement en poissons d’eau douce. La plupart des poissons pêchés dans les eaux tourangelles étaient consommés directement après la pêche. Leurs chairs délicates ne se prêtaient pas à la salaison et à la conservation. En toutes saisons, il était possible de trouver sur les étals des poissonneries une multitude d’espèces dont certaines ont disparu aujourd’hui. Les habitants de Tours consommaient ainsi carpes, barbeaux, brochets, bars, anguilles ou encore des brèmes, auxquels il fallait ajouter les lucs, lamproies, becquets et carreaux. Les eaux étaient également riches en saumons et aloses qui, étant plus faciles à transporter, étaient en partie exportés. À côté des poissons d’eau douce, les étals de poissonniers présentaient également quelques variétés de mer, en particulier le hareng et le merlu. Plus rarement, on pouvait également y trouver des huîtres et des moules, elles aussi conservées dans le sel [Chevalier, 1983, p. 70-71].

La ville comptait bien moins de poissonneries que de boucheries, trois sont répertoriées autour de 1500. A cette date est entrepris leur déplacement en raison des incommodités provoquées par l’activité. Ainsi, la grande poissonnerie, d’abord située à Châteauneuf, fut installée après 1508 près des Carmes, sur les bords de la Loire. La mairie mobilise pour cela les fonds privés de certains habitants [Chevalier, 1975, p. 529]. La deuxième, dite petite poissonnerie, était située en face de la grande boucherie. Une dernière située à l’extrémité de la place Foire-le-Roi, connaît aussi des transformations au début du XVIe siècle [Livernet, 1983, p. 24]. Comme dans le cas des boucheries, les poissonneries devaient prendre la forme de regroupements d’étaux et étaient en 1511 en partie affermées par la ville à Gabriel Miro, médecin de la reine et échevin de Tours.

Les traces de l’implantation des poissonneries sont encore multiples dans la ville. Une maison de la place des Joulins portait jusqu’à encore récemment l’enseigne des Trois Pucelles, les pucelles étant des petits poissons d’eau douce qu’il était possible de trouver à la vente sur les étals de la poissonnerie. Dans le même secteur était située la rue de la Poissonnerie (aujourd’hui rue de la Paix) et en parallèle, la rue de la Lamproie. Autant de témoignages de la présence d’une poissonnerie.

 

Bibliographie

Chevalier Bernard, Tours, ville royale (1356-1520), Paris-Louvain, 1975.
Giraudet Eugène, Histoire de la ville de Tours, Tome I, Tours, 1883.
Livernet Sylvain, Tours au temps de Louis XI, Blois, Le Clairmirouère du temps, 1983.
Leturcq Samuel, Boisseuil Didier, L’alimentation à Tours à la fin du Moyen Âge, Tours, 2011.